Les alliances internationales scellées dans les châteaux ont-elles changé la carte de l’europe ?

Si les murs du château de Heidelberg, érigé au XIIIe siècle, pouvaient s'animer et partager leurs récits, ils dévoileraient probablement un kaléidoscope de secrets d'alliances internationales, de complots de pouvoir et de stratégies politiques qui ont directement influencé la formation de l'Europe que nous connaissons aujourd'hui. Ces imposantes forteresses, bien plus que de simples symboles de richesse et de prestige, ont servi de véritables scènes de diplomatie où les destins de nations entières étaient négociés et scellés. Les enjeux étaient immenses, impliquant des territoires, des successions royales et la paix fragile du continent. La question se pose alors : ces alliances, nées entre les murs des châteaux européens, ont-elles véritablement eu un impact sur la configuration géopolitique européenne ? La réponse est complexe, mais l'exploration de ce lien entre alliances internationales et les châteaux offre un éclairage fascinant sur l'histoire de l'Europe.

Les châteaux, témoins silencieux de siècles d'histoire européenne, ont été des lieux privilégiés où se sont nouées des alliances internationales. Ces alliances stratégiques, qu'elles soient le fruit de mariages royaux, de traités de paix laborieusement négociés ou d'accords militaires visant à contrer une menace commune, ont contribué à façonner la carte de l'Europe, en modifiant les frontières des royaumes, en créant de nouveaux États et en influençant les équilibres de pouvoir entre les grandes puissances européennes. Nous examinerons des exemples concrets d'alliances majeures, comme celles impliquant les maisons royales, nous décortiquerons le rôle crucial des mariages royaux dans la consolidation du pouvoir et l'extension du territoire, et nous évaluerons l'impact direct des traités signés sur les frontières des nations européennes. Il est toutefois essentiel de reconnaître les limitations et les nuances de cette influence, en considérant d'autres facteurs historiques et en évitant une vision simpliste et déterministe des événements. L'impact des châteaux sur l'histoire européenne est plus qu'un simple récit de pierres et de mortiers.

Les châteaux, scènes de diplomatie et de pouvoir : un cadre propice aux alliances internationales

Les châteaux européens, avec leur architecture imposante et leur atmosphère solennelle, offraient un cadre propice à la diplomatie et à l'affirmation du pouvoir. Ces forteresses médiévales, érigées souvent au sommet de collines ou dominant des vallées fertiles, étaient conçues pour impressionner les visiteurs et renforcer l'autorité des seigneurs et des rois qui les habitaient. Les négociations internationales qui s'y déroulaient étaient empreintes de gravité, reflétant l'importance des enjeux et la complexité des relations entre les différentes puissances européennes. La présence de ces murs épais, de ces tours massives et de ces salles décorées de blasons et d'armures contribuait à créer une ambiance de respect et d'intimidation, susceptible d'influencer le cours des discussions et de peser sur les décisions prises. Le coût de construction et d'entretien de ces structures témoignait aussi de la puissance économique du royaume.

Importance symbolique des châteaux

L'architecture des châteaux européens était conçue pour projeter une image de puissance, de richesse et de stabilité. Le château de Pierrefonds, reconstruit au XIXe siècle par Viollet-le-Duc, incarne parfaitement cette volonté de créer une forteresse impressionnante, capable d'intimider les ennemis et d'affirmer l'autorité du souverain. Chaque détail architectural, des tours massives aux remparts épais, en passant par les décorations somptueuses, contribuait à renforcer cette impression de grandeur et de domination. Les salles de réception, souvent décorées avec des tapisseries flamandes et des œuvres d'art coûteuses, servaient également de vitrine pour la richesse et le pouvoir du propriétaire, soulignant sa capacité à accueillir dignement les délégations étrangères et à mener des négociations avantageuses. La hauteur des tours, par exemple, permettait une surveillance stratégique du territoire et symbolisait le contrôle de la zone environnante, souvent étendue sur plusieurs kilomètres carrés.

Logistique et ressources disponibles dans les châteaux

Les châteaux offraient également des avantages logistiques considérables pour l'organisation de rencontres diplomatiques internationales. Ces vastes complexes pouvaient accueillir des délégations importantes, composées de diplomates, de conseillers politiques, de gardes du corps personnels et de serviteurs. Les châteaux disposaient de salles de réception spacieuses, de chambres confortables et de cuisines bien équipées, permettant d'assurer le confort et la sécurité des invités pendant toute la durée des négociations. De plus, les châteaux offraient une garantie de confidentialité, permettant aux négociateurs de discuter des questions sensibles à l'abri des regards indiscrets. Le château de Windsor, par exemple, a été utilisé à de nombreuses reprises pour des négociations secrètes impliquant des chefs d'État, grâce à ses passages secrets et ses salles isolées, garantissant ainsi la discrétion des échanges. La possession de vastes réserves alimentaires permettait aussi d'assurer le ravitaillement des délégations pendant de longues périodes.

Réseautage et divertissement dans les châteaux européens

Les banquets somptueux, les chasses royales, les bals fastueux et autres festivités organisés dans les châteaux européens jouaient un rôle essentiel dans le processus diplomatique. Ces événements offraient aux participants l'occasion de se rencontrer dans un cadre informel, de tisser des liens personnels et de faciliter les négociations en coulisses. Le château de Fontainebleau, avec ses vastes jardins à la française et ses salles de bal somptueuses, était réputé pour ses fêtes fastueuses, qui contribuaient à renforcer les alliances internationales et à apaiser les tensions entre les différentes puissances européennes. Ces moments de détente permettaient de désamorcer les conflits potentiels et de favoriser un climat de confiance propice à la conclusion d'accords avantageux pour toutes les parties impliquées. L'art de la table et le raffinement des divertissements étaient des outils de persuasion importants.

Étude de cas : kronborg, la porte du danemark et les alliances commerciales

Kronborg, le château rendu célèbre par Hamlet, pièce de Shakespeare, est bien plus qu'un simple décor de théâtre. Stratégiquement situé sur la rive de l'Øresund, le détroit séparant le Danemark de la Suède, il symbolise la puissance danoise et son contrôle sur une voie maritime vitale pour le commerce européen. En tant que point de passage obligé pour les navires marchands, Kronborg était le lieu de perception de droits de douane, une source de revenus considérable pour le royaume danois, représentant jusqu'à 2/3 des revenus de l'État au XVIe siècle. Il était aussi un lieu d'accueil pour les délégations étrangères, démontrant la richesse et la puissance du Danemark. Les ambassadeurs et les dignitaires étaient reçus avec faste, impressionnés par la magnificence du château et par la puissance militaire danoise, rendant les négociations commerciales et politiques plus avantageuses pour le Danemark. Le château servait ainsi d'outil de diplomatie commerciale, projetant une image de force et de prospérité, attirant les marchands et favorisant les alliances commerciales avec d'autres nations européennes. En 1629, un incendie détruisit une grande partie du château, mais il fut reconstruit rapidement pour maintenir son rôle stratégique.

Les mariages royaux : des alliances de sang et de territoires redessinant la carte européenne

Les mariages royaux ont constitué pendant des siècles un instrument essentiel de la diplomatie et de la politique européenne, influençant directement la carte politique du continent. Ces unions, souvent arrangées dès l'enfance des futurs époux, visaient à consolider les alliances stratégiques, à assurer la succession dynastique, à prévenir les conflits armés et à étendre l'influence territoriale des différentes maisons royales européennes. Ils étaient le résultat de négociations complexes, impliquant des enjeux politiques et économiques considérables, et pouvaient avoir des conséquences durables sur la configuration de la carte européenne, créant ou dissolvant des royaumes.

Présentation générale des mariages royaux comme outils diplomatiques

Les mariages royaux étaient bien plus que de simples unions sentimentales ou religieux. Ils étaient des outils politiques sophistiqués, utilisés par les monarques pour atteindre des objectifs stratégiques précis, souvent sur le long terme. En unissant leurs familles royales, les rois et les reines espéraient renforcer leur position sur la scène internationale, obtenir des avantages commerciaux exclusifs, prévenir les guerres coûteuses et garantir la sécurité de leurs royaumes respectifs. Le choix du conjoint était donc rarement laissé au hasard, mais était soigneusement étudié en fonction des intérêts politiques et économiques du moment, pesant les avantages et les inconvénients de chaque union potentielle. La dot, les terres et les titres apportés par l'épouse constituaient un élément essentiel de l'équation, contribuant à renforcer la puissance et la richesse du royaume de son mari, et assurant ainsi la stabilité politique et économique.

Exemples emblématiques de mariages royaux influençant la carte de l'europe

  • **Le mariage de Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille (1469):** Ce mariage, célébré en 1469, a uni les deux principaux royaumes de la péninsule ibérique, jetant les bases de l'Espagne moderne et unifiée. Cette union stratégique a permis de centraliser le pouvoir politique, de renforcer l'économie du royaume et de lancer l'Espagne dans l'exploration et la colonisation du Nouveau Monde, changeant à jamais la carte du monde. Ferdinand apportait son expertise militaire et sa capacité politique, tandis qu'Isabelle offrait les ressources financières et la stabilité de la Castille, un royaume puissant et influent. L'enjeu majeur était la consolidation d'un pouvoir capable de rivaliser avec la France et le Portugal, et d'étendre l'influence espagnole en Europe et au-delà des océans.
  • **Les mariages des Habsbourg, une stratégie dynastique:** La stratégie matrimoniale des Habsbourg, souvent résumée par la phrase latine "Bella gerant alii, tu felix Austria nube" ("Que d'autres fassent la guerre, toi, heureuse Autriche, marie-toi"), visait à étendre le contrôle territorial et l'influence politique de la famille à travers l'Europe, sans recourir systématiquement à la guerre. Le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien Ier, par exemple, a permis aux Habsbourg d'acquérir les riches territoires des Pays-Bas bourguignons, renforçant considérablement leur puissance économique et leur influence politique. La famille a multiplié les unions stratégiques pour s'assurer des alliances solides et des héritages importants, tissant ainsi un réseau d'influence qui s'étendait sur une grande partie du continent européen et au-delà.

Nuances et limites des alliances matrimoniales

Les alliances matrimoniales n'étaient pas toujours un gage de succès ou de stabilité. Les conflits de succession dynastique, les intrigues de cour complexes, les problèmes d'incompatibilité culturelle entre les époux et les remises en question des alliances après le décès d'un monarque pouvaient compromettre les objectifs initiaux et mener à des guerres. Le mariage d'Henri VIII d'Angleterre avec Catherine d'Aragon, par exemple, initialement destiné à renforcer les liens entre l'Angleterre et l'Espagne, a finalement abouti à une crise politique et religieuse majeure, conduisant à la rupture avec Rome et à la création de l'Église anglicane, changeant profondément le paysage religieux anglais. Ces exemples historiques montrent que les alliances matrimoniales étaient des constructions fragiles, soumises aux aléas de la politique européenne et aux caprices du destin, nécessitant une gestion prudente et diplomatique.

Étude de cas : le mariage de charles VIII et anne de bretagne au château de langeais (1491)

Le mariage de Charles VIII, roi de France, et d'Anne de Bretagne, en décembre 1491, au château de Langeais, est un exemple frappant de la manière dont un mariage royal stratégique pouvait redessiner la carte politique de la France. Anne de Bretagne, héritière du duché de Bretagne, représentait une pièce maîtresse dans le jeu politique européen du XVe siècle. Son mariage avec Charles VIII a permis de rattacher durablement le duché de Bretagne à la France, consolidant ainsi le royaume et empêchant d'autres puissances européennes, comme l'Angleterre ou l'Espagne, de s'emparer de ce territoire stratégique situé sur la côte Atlantique. Le mariage fut précipité, car Anne était initialement promise à Maximilien d'Autriche, et la cour de France voulait à tout prix éviter que la Bretagne ne tombe sous l'influence Habsbourg, ce qui aurait considérablement affaibli la position de la France. Le château de Langeais, avec sa tour de guet et sa situation géographique stratégique, était un lieu idéal pour assurer la sécurité de la future reine et garantir la réussite de l'union. Le mariage a consolidé le royaume de France en apportant une région riche et stratégique, contribuant ainsi à la formation de la France moderne. En 1532, la Bretagne fut officiellement rattachée à la France.

Les traités signés dans les châteaux : des actes fondateurs de nouveaux ordres européens

Les châteaux ont souvent servi de lieux de négociation intensive et de signature formelle pour des traités de paix, des alliances commerciales, des accords de délimitation des frontières contestées et des règlements pacifiques des conflits entre nations européennes. Ces traités internationaux, souvent le fruit de longues et laborieuses négociations diplomatiques impliquant de nombreuses concessions mutuelles, pouvaient avoir un impact profond et durable sur la configuration de la carte européenne, en redéfinissant les frontières des royaumes, en créant de nouveaux États souverains et en modifiant les rapports de force entre les différentes puissances en présence. Ils étaient des moments cruciaux de l'histoire européenne, marquant des tournants décisifs et ouvrant de nouvelles perspectives de coopération ou de conflit.

Présentation générale des traités et leur signification dans l'histoire européenne

La signature officielle d'un traité international important dans un château prestigieux conférait à l'événement une solennité particulière, soulignant l'importance de l'accord conclu et son impact potentiel sur l'avenir de l'Europe. La présence des dignitaires royaux, des ambassadeurs et des représentants des différentes puissances impliquées, ainsi que le cadre luxueux et chargé d'histoire du château, contribuaient à renforcer la portée symbolique de l'événement. Les traités étaient souvent précédés de longues et complexes négociations diplomatiques, impliquant des concessions mutuelles et des compromis difficiles à obtenir. Ils représentaient l'aboutissement d'un processus diplomatique intense, visant à trouver un équilibre acceptable entre les intérêts souvent divergents des différentes parties et à garantir une paix durable, bien que fragile. Le choix du château où se déroulait la signature du traité était souvent symbolique, reflétant le pouvoir et le prestige de la puissance qui l'accueillait, ou marquant un lieu neutre accepté par tous.

Exemples majeurs de traités ayant remodelé la carte de l'europe

  • **Le Traité de Westphalie (1648) et la naissance des États-nations:** Bien que les négociations du Traité de Westphalie se soient déroulées principalement dans les villes de Münster et Osnabrück plutôt que dans un château spécifique, son impact sur l'Europe est indéniable et a profondément remodelé la carte du continent. Signé en 1648, il a mis fin à la Guerre de Trente Ans, un conflit dévastateur qui avait ravagé une grande partie de l'Europe centrale. Le traité a marqué la reconnaissance formelle des États-nations souverains, la fin de l'influence politique de l'Empire romain germanique et l'émergence d'un nouvel équilibre des pouvoirs en Europe, basé sur la souveraineté des États et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres. Il a redessiné les frontières de nombreux États européens, notamment la France, la Suède et les Provinces-Unies (Pays-Bas), et a jeté les bases d'un nouveau système international fondé sur la souveraineté des États et la diplomatie. Ce traité a eu un impact profond sur la structure politique de l'Europe et a permis l'essor du concept moderne d'État-nation souverain.
  • **Le Traité de Tordesillas (1494) et le partage du Nouveau Monde:** Signé en 1494, ce traité, négocié sous l'égide du pape Alexandre VI, a divisé le Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal, traçant une ligne imaginaire de l'Atlantique nord au sud. Les terres situées à l'ouest de cette ligne étaient attribuées à l'Espagne, tandis que celles situées à l'est étaient attribuées au Portugal. Ce traité controversé a eu des conséquences considérables sur la colonisation européenne et la formation de la carte du monde, en influençant la répartition des ressources naturelles, la diffusion de la culture et de la langue des différents territoires, et en modelant les relations économiques entre l'Europe et le reste du monde. Bien que signé en Espagne et non dans un château spécifiquement, il est important de rappeler que la couronne espagnole résidait dans divers châteaux royaux au moment des négociations, qui ont impliqué de nombreux conseillers et diplomates. Le Portugal a gagné le Brésil grâce à ce traité.

Impact des traités sur les frontières et la formation des états en europe

Les traités signés dans les châteaux européens ont redessiné les frontières européennes à de nombreuses reprises au cours de l'histoire. Le Traité de Vienne, signé en 1815, après la défaite de Napoléon Bonaparte, a remodelé la carte de l'Europe de manière significative, en rétablissant les anciennes dynasties royales et en créant de nouveaux États, souvent de manière artificielle, pour maintenir un équilibre des pouvoirs fragile. Le traité a également redéfini les frontières de la France, de la Prusse, de l'Autriche et de la Russie, en tenant compte des ambitions territoriales des différentes puissances victorieuses. Les traités de paix qui ont suivi la Première Guerre mondiale (1914-1918), notamment le Traité de Versailles (1919), ont également eu un impact majeur sur la carte européenne, en démantelant les empires austro-hongrois et ottoman, en créant de nouveaux États indépendants, tels que la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, et en redessinant les frontières de nombreux autres pays européens. Ces traités ont eu des conséquences durables sur la politique et la géographie européennes, contribuant à façonner le continent tel que nous le connaissons aujourd'hui. En 1920, la Société des Nations fut créée pour maintenir la paix.

Étude de cas : le traité du Cateau-Cambrésis (1559) et le château de cercamp

Bien que le Traité du Cateau-Cambrésis ait été signé près de l'abbaye du Cateau-Cambrésis, les négociations préparatoires se sont en partie déroulées dans des châteaux avoisinants, tel que le château de Cercamp, en avril 1559. Ce traité majeur mit fin aux longues et coûteuses guerres d'Italie, opposant la France à l'Espagne et à ses alliés. Il marqua la fin des ambitions françaises en Italie et la reconnaissance de la domination espagnole sur une grande partie de la péninsule italienne, pour plus d'un siècle. En vertu du traité, la France renonçait à ses prétentions sur Milan, Naples et la Sicile, tandis que l'Espagne conservait le contrôle de ces territoires stratégiques. Le traité a également eu des conséquences importantes pour la France, qui a dû céder plusieurs places fortes, notamment la ville de Calais, qui était sous contrôle anglais depuis la Guerre de Cent Ans. Il représente un tournant décisif dans les relations franco-espagnoles et a eu un impact durable sur la configuration politique de l'Europe au XVIe siècle, stabilisant les frontières et ouvrant une période de relative paix.

Au-delà des murs : nuances et limitations de l'influence des châteaux sur la carte européenne

Il est crucial de souligner que les alliances internationales scellées dans les châteaux européens ne représentent qu'un aspect, parmi d'autres, de la complexe histoire de la formation de l'Europe et de l'évolution de ses frontières. D'autres facteurs essentiels, tels que les idées politiques nouvelles, les mouvements sociaux populaires, les développements économiques et commerciaux, les avancées technologiques révolutionnaires et les dynamiques démographiques complexes, ont également joué un rôle essentiel dans l'évolution de la carte européenne au fil des siècles. Il est donc important d'éviter une vision simpliste et déterministe des événements historiques, qui réduirait l'histoire de l'Europe à une simple succession d'alliances matrimoniales et de traités diplomatiques signés dans les châteaux royaux et les forteresses médiévales.

Facteurs externes influençant la configuration de l'europe

Les idées politiques émergentes, telles que le nationalisme exacerbé, le libéralisme économique et le socialisme révolutionnaire, ont eu un impact profond sur la carte européenne, en inspirant des mouvements révolutionnaires violents, des guerres d'indépendance sanglantes et des réformes politiques radicales qui ont transformé les sociétés européennes. Les mouvements sociaux populaires, tels que la Réforme protestante du XVIe siècle et la Révolution française de 1789, ont également bouleversé l'ordre établi et contribué à la formation de nouveaux États-nations et à la remise en question des anciennes dynasties royales. Les développements économiques majeurs, tels que la révolution industrielle du XIXe siècle et le développement rapide du commerce international, ont favorisé l'intégration économique progressive de l'Europe et ont modifié les rapports de force entre les différentes puissances, créant de nouvelles inégalités et de nouvelles tensions. Les avancées technologiques, telles que l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles et le développement du chemin de fer au XIXe siècle, ont transformé les communications et les transports, facilitant les échanges d'idées et de marchandises et rapprochant les différentes régions européennes. Enfin, les dynamiques démographiques, telles que l'augmentation de la population urbaine et les migrations massives, ont influencé la répartition des populations sur le continent et ont contribué à la formation de nouvelles identités culturelles et nationales.

Le rôle des villes, des universités et des institutions religieuses

Les villes, les universités prestigieuses, les parlements nationaux et les organisations religieuses influentes ont également joué un rôle crucial dans la formation des alliances et dans l'évolution de la carte politique européenne. Les villes importantes, en tant que centres économiques dynamiques et pôles culturels rayonnants, ont favorisé les échanges commerciaux et les rencontres entre les différentes populations, contribuant à la diffusion des idées et des connaissances. Les universités, en tant que centres de savoir et de recherche avancée, ont contribué à la diffusion des idées nouvelles et à la formation des élites intellectuelles et politiques. Les parlements nationaux, en tant qu'organes de représentation politique des citoyens, ont permis la participation croissante des populations à la prise de décisions et ont contribué à la consolidation des États-nations. Les organisations religieuses, telles que l'Église catholique romaine et les diverses Églises protestantes, ont exercé une influence considérable sur la politique et la société européennes pendant des siècles, en promouvant des valeurs et des idéaux religieux et en contribuant à la formation des identités culturelles et nationales. La Sorbonne, Oxford et Bologne sont des exemples d'universités influentes.

Les revirements et les contradictions dans l'histoire des alliances

L'histoire complexe des alliances européennes est marquée par de nombreux revirements stratégiques et des contradictions apparentes. Des alliances solennellement signées dans les châteaux ont été rompues unilatéralement, trahies cyniquement ou remises en question par la suite, soulignant la complexité et l'instabilité inhérentes aux relations internationales. La Ligue de Cambrai (1508), par exemple, initialement formée par plusieurs puissances européennes pour lutter contre la République de Venise, s'est rapidement désintégrée en raison des intérêts divergents et des ambitions concurrentes des différents membres. La Triple Alliance (1882), formée entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie, s'est également effondrée pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), lorsque l'Italie a choisi de rejoindre le camp de l'Entente (France, Royaume-Uni, Russie), en violation de ses engagements initiaux. Ces exemples historiques montrent clairement que les alliances stratégiques ne sont pas toujours des garanties absolues de stabilité et qu'elles peuvent évoluer, voire se dissoudre, en fonction des circonstances changeantes et des intérêts spécifiques des différentes parties impliquées.

L'évolution des pratiques diplomatiques au fil des siècles

Au fil du temps, les pratiques diplomatiques ont considérablement évolué, avec une diminution progressive de l'importance des châteaux en tant que lieux centraux de négociation au profit d'institutions internationales permanentes et de sommets diplomatiques réguliers. Les organisations internationales, telles que l'Organisation des Nations unies (ONU), fondée en 1945, et l'Union européenne (UE), créée en 1993, offrent un cadre institutionnel permanent pour la négociation multilatérale et la résolution pacifique des conflits entre les États. Les sommets diplomatiques réguliers, tels que les réunions annuelles du G7 et du G20, permettent aux chefs d'État et de gouvernement de se rencontrer régulièrement pour discuter des questions d'intérêt commun et de coordonner leurs politiques. Ces nouvelles formes de diplomatie multilatérale ont contribué à réduire l'importance des châteaux européens en tant que lieux privilégiés de pouvoir et de négociation discrète, mais elles n'ont pas pour autant effacé complètement leur rôle historique et leur valeur symbolique en tant que témoins des alliances du passé. En 1975, eut lieu la première réunion du G7.

En considérant attentivement l'ensemble de ces éléments et en analysant les nombreux exemples historiques concrets, il devient clair que l'influence des châteaux européens sur la formation de la carte de l'Europe est indéniable et significative, mais qu'elle doit être replacée dans un contexte historique plus large, prenant en compte les multiples facteurs qui ont contribué à façonner le continent au fil des siècles. Les murs des châteaux sont les témoins silencieux d'une histoire riche et complexe, faite d'alliances, de guerres sanglantes, de négociations diplomatiques intenses et de revirements stratégiques inattendus. Ils nous rappellent que l'Europe que nous connaissons aujourd'hui est le fruit d'une longue et lente construction, marquée par des moments de crise et de prospérité, par des conflits violents et des réconciliations difficiles, et par des forces multiples et souvent contradictoires. Les châteaux sont plus qu'un simple décor : ils sont un symbole de l'histoire européenne.

  • Les châteaux servaient de points centraux pour les alliances stratégiques.
  • Les mariages royaux redessinaient les frontières et les territoires.
  • Les traités dans les châteaux fondaient de nouveaux ordres européens.